Poursuivons notre exploration des pièges à éviter lorsque vous prenez la parole en public…
Dans le premier article consacré à ce sujet, vous avez appris que l’heure de programmation de votre intervention avait un réel impact sur la capacité d’écoute de votre auditoire.
Pourtant, parfois, vous avez beau avoir choisi un moment adéquat pour votre présentation, connaître parfaitement votre sujet, avoir un discours complètement adapté à votre public, rien à faire, quelque chose ne passe pas en terme de communication !
Avez-vous déjà pensé que le problème pouvait tout simplement venir de votre environnement ?
Je m’explique…
L’agencement de la pièce dans laquelle vous intervenez a des répercussions à différents niveaux sur votre intervention.
Sur le plan technique, tout d’abord, selon la disposition des lieux et du mobilier, votre public aura une visibilité parfaite, pourra facilement prendre des notes, entendra tout ce qui se dit… ou pas ! Si vous le pouvez, je vous conseille vivement d’effectuer un repérage de votre salle quelques jours avant votre prise de parole en public pour vérifier que les bonnes conditions sont réunies. A défaut, demandez à la structure qui gère la salle un plan, une fiche technique et des photos !
Sur le plan relationnel, l’environnement joue aussi un rôle fondamental, dont on n’a pas toujours conscience. Ainsi, certains agencements de salles maintiennent le public dans une situation d’écoute passive, d’autres favorisent la connivence entre les participants, d’autres encore facilitent les échanges entre l’audience et le présentateur.
Enfin, sur le plan symbolique, l’espace dans lequel vous intervenez a aussi un impact fort sur votre public… et sa disposition d’esprit avant même que vous ayez ouvert la bouche !
Prenons deux exemples bien distincts. Sur chacun des schémas ci-dessous j’ai représenté les participants en vert et l’animateur (celui qui prend la parole devant le groupe) en rouge.
Cette première configuration de salle, dite conférence a des avantages techniques certains. Elle permet de s’exprimer devant un grand groupe et elle est adaptée aux projections. D’un point de vue relationnel, la frontière est très nette entre l’orateur et le public. D’un point de vue symbolique, le message est clair : si vous êtes en position d’animateur, les gens sont venus vous écouter.
En clair, ne choisissez cette disposition que si vous vous sentez prêt à assurer le show !
Imaginons maintenant que votre lieu d’intervention soit organisé autour d’une grande table centrale. Techniquement, si vous avez une présentation à projeter, ça risque d’être très inconfortable : certains de vos participants vont attraper un torticolis ! Par contre, d’un point de vue relationnel, c’est une configuration tout à fait adaptée aux échanges en petit nombre. Symboliquement parlant, si vous retenez cette disposition, vous envoyez un message fort à vos participants : nous sommes au même niveau.
C’est parfait pour un groupe de travail !
Finalement, vous le comprenez, choisir un lieu c’est déjà envoyer un message. Et pour cela, comme dans toute action de communication, il faut être bien au clair sur l’objectif visé !
Je suis certaine que vous avez en tête des exemples personnels de prise de parole en public où le lieu a joué un rôle plus important que vous l’auriez imaginé au départ. Partagez ici avec nous vos expériences, discutons-en !
Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous mais de mon côté, pendant des années, j’avais une boule dans le ventre à la simple idée de prendre la parole en public ! J’étais loin d’être la seule puisque selon Chistophe André (psychiatre et auteur de «Psychologie de la peur»), plus d’une personne sur 2 appréhende de s’exprimer devant une assemblée !
Heureusement, j’ai appris à dépasser cette peur, notamment grâce au théâtre et à mon expérience de chargée de communication. Au point que m’exprimer devant un public est devenu non seulement un exercice quasi quotidien mais aussi un plaisir !
La preuve que rien n’est inéluctable ! Pourtant, le chemin a été long à parcourir et aujourd’hui, j’ai envie de vous aider à prendre des raccourcis, en commençant par éviter les peaux de bananes sur lesquelles glissent la plupart d’entre nous. Prêts pour le voyage ?
Au cours des mois à venir, je vais vous proposer un tour d’horizon des erreurs les plus fréquemment rencontrées en communication orale. Et bien sûr aussi des parades que j’utilise personnellement pour les contrer.
Notre corps et notre cerveau suivent leur propre rythme… Si vous voulez capter l’attention de votre auditoire, il faut en tenir compte !
Croyez-en mon expérience de formatrice, placer votre intervention à 14h, juste après le déjeuner, n’est pas vraiment une bonne idée. A ce moment nous subissons tous un coup de barre naturel car notre énergie est mobilisée par la digestion ! A l’inverse, les moments les plus favorables à la concentration sont généralement situés entre 10h et 11h ou entre 15h et 16h30. Si le timing de la journée vous impose malgré tout de prendre la parole en public en début d’après-midi, prévoyez une présentation particulièrement dynamique et interactive !
Saviez-vous également que notre cerveau fonctionne en journée sur des cycles de 90 minutes, comme pendant le sommeil ? Cela veut dire qu’il est absolument nécessaire de prévoir une pause d’au moins 5 à 10 minutes toutes les heures et demi pour maintenir l’attention de votre public.
Si on parle de pleine concentration, nos capacités sont encore plus réduites. La durée maximale de concentration d’un individu sur un même sujet ne dépasse pas 45 minutes. Votre prise de parole en public ne devra donc pas excéder cette durée. A moins que vous prévoyiez de vraies interactions avec la salle pour réveiller l’attention ou une pause complète entre 2 parties de votre intervention.
Enfin, tenez compte également du fait que notre cerveau a besoin d’un temps d’échauffement de 10 à 20 minutes avant d’être pleinement immergé dans un sujet. C’est à l’issue de cette période pendant laquelle vous aurez mis en condition votre public, que vous pourrez diffuser les informations les plus importantes de votre présentation.
Pour en savoir plus sur la chronobiologie et l’importance de programmer les bonnes actions au bon moment, je vous invite à découvrir l’article consacré à ce sujet sur santemagazine.fr
Dans le prochain article, je vous parlerai de l’impact de l’environnement sur l’attention de votre public. D’ici là, cela m’intéresserait fort d’avoir vos retours d’expérience sur l’importance du moment lors d’une prise de parole en public. Partagez avec nous vos remarques, vos anecdotes et vos questions. Au plaisir de vous lire 🙂
Si vous avez lu mes précédents articles sur l’animation d’une table ronde : “Au secours, je dois animer une table ronde” et sa suite, vous avez compris l’importance de bien préparer ce type d’événement. Pour aller plus loin, je vous ai concocté une liste de questions et d’amorces avec que vous pourrez utiliser pour faire parler vos intervenants… ou votre public !
Trop souvent, j’entends dire “pas facile de faire réagir les gens”, “j’ai beau leur poser des questions, personne ne répond” ou “ce sont toujours les mêmes qui prennent la parole”. Mais quand j’essaye d’en savoir plus, j’apprends que les questions posées ressemblaient à : “Est-ce que vous avez des questions ou des remarques sur ce qui vient d’être dit ?”, “Cette expérience de réorganisation des services a-t-elle été bien vécue ?”,”Votre entreprise est réputée pour sa capacité d’innovation. Vous me le confirmez ?”
Oui, une fois, écrit, cela saute aux yeux : toutes ces questions n’appellent pas d’autres réponses que oui ou non, ce sont des questions fermées ! Très utiles pour valider une information donnée ou pour clore rapidement une série d’échanges… Mais surtout pas pour susciter des réactions !
A la place, utilisez plutôt une des formules que je vais vous proposer. Avec cet anti-sèche, vous n’aurez plus d’excuses si on continue à entendre voler les mouches pendant vos tables rondes !
Les gens adorent qu’on leur raconte des histoires ! Pour aider vos intervenants à amorcer des récits, notamment pour témoigner de leur expérience, vous pouvez piocher dans les propositions suivantes :
Le public de votre table ronde est peut-être venu dans l’idée de tirer des leçons de l’expérience de vos intervenants pour les transposer dans leur propre vie. Dans ce cas, posez à vos témoins des questions qui vont leur permettre de conseiller utilement leurs auditeurs. Par exemple :
Enfin, pour solliciter les gens dans la salle, après que vos intervenants aient apporté leur éclairage, pensez à demander :
Bien sûr, toutes ces amorces et questions fonctionnent aussi très bien pour d’autres événements qu’une table ronde. Testez-les en réunion de travail, en formation, en rendez-vous réseautage… et dites-m’en des nouvelles ! J’attends vos réactions, vos commentaires, vos questions et vos idées complémentaires.
Le mois dernier, nous avons vu ensemble les actions à mettre en place pour bien préparer une table ronde.
Cette fois-ci, projetons-nous au jour J !
Vos intervenants sont en place, le public a répondu présent et vous voici dans le rôle de Monsieur ou Madame Loyal ! A vous de faire en sorte que les échanges soient fluides, animés, constructifs. Oui, mais concrètement, comment faire quand c’est la première fois ?
Pendant la table-ronde :
– Déployez vos antennes ! Toute information sur le déroulement des échanges vous permettra d’en adapter le rythme, la tonalité ou le contenu. Donc, écoutez ce qui se dit, bien sûr, mais surtout, soyez attentif à tous les signes de communication non verbale émis par les intervenants ou le public. La posture, les regards, les gestes vous donnent autant d’indices sur le niveau de concentration dans la salle ; à chaque fois que vous le sentez descendre, introduisez un changement. Par exemple, passez la parole à un autre intervenant, lancez un sondage à main levée, projetez une vidéo… ou proposez une pause !
– Pour solliciter les participants, qu’ils soient à la tribune ou dans la salle, utilisez au maximum des questions ouvertes plutôt que fermées. Par exemple, demandez “Quelles questions ce sujet vous évoque-t-il ?” plutôt que le sempiternel “Avez-vous des questions ?”, qui reste trop souvent sans réponse.
– Si vous avez suivi mes conseils concernant la préparation d’une table ronde, la vôtre doit aborder successivement 2 à 4 thématiques différentes.Dans ce cas, à la fin de chaque partie, synthétisez en 2 ou 3 phrases les idées principales qui ont émergé pendant le débat et créez une transition avec le thème abordé dans la partie suivante.
– Trouvez le bon équilibre entre souplesse et respect du programme pendant les échanges. Permettre à un intervenant de prendre 5 minutes de plus que prévu pour répondre à une question du public, c’est être souple. Le laisser partir dans une digression de 15 minutes, c’est se laisser déborder !
– A la fin des échanges, après une synthèse globale et un mot de remerciement pour chacun, invitez les participants à compléter le questionnaire de satisfaction que vous aurez préparé une semaine avant et à partager un verre avant de partir. Vous pourrez ainsi prendre « à chaud » la température du public.
Après la table ronde :
– Envoyez dès le lendemain, ou au plus tard dans les 48 heures, un mail aux intervenants, les remerciant personnellement pour leur implication.
– Dans les mêmes délais, adressez à tous les participants le compte-rendu de la table ronde, agrémenté de 2 ou 3 photos (Souvenez-vous qu’en phase de préparation, vous avez confié cette mission à votre stagiaire en communication). Si tout cela est joliment mis en page, c’est encore mieux, bien sûr !
Vous voilà normalement prêt à animer votre première table ronde. Cela m’intéresserait fortement d’avoir votre témoignage si vous décidez de suivre tout ou partie de mes conseils sur la préparation ou l’animation d’une telle rencontre.
A vos claviers et à bientôt pour le prochain article !
C’est en substance le message que j’ai reçu il y a quelques jours d’une coordinatrice d’actions sociales et culturelles. On venait de lui confier pour la première fois l’animation d’une table ronde. Elle m’a confié avoir « peur du blanc qui pourrait arriver si les participants n’avaient pas grand chose à dire ».
Vous vous reconnaissez dans sa situation ? Pas de panique !
Voici quelques conseils qui vous seront utiles pour créer des échanges vivants entre 3 à 6 intervenants et un public venu les écouter et dialoguer avec eux.
Cette semaine, je vais vous parler de la préparation à mettre en place avant l’événement, une fois que les intervenants et participants ont été invités et la salle réservée. C’est cette phase de préparation qui va vous permettre d’arriver zen au jour J, alors consacrez-y le temps nécessaire !
2 à 3 semaines avant :
– Renseignez-vous autant que possible sur les intervenants de votre table ronde. Dans l’idéal, passez un moment par téléphone avec chacun d’eux pour cerner ce qu’il va être intéressant de mettre en valeur chez eux (leur expérience personnelle, leur dernières recherches, des anecdotes…)
– Essayez également d’obtenir des informations sur votre public. Il vous sera plus facile d’animer les débats si vous connaissez les profils et les attentes des gens dans la salle. Vous pouvez éventuellement lancer un petit sondage 1 à 2 semaines avant votre rencontre, via un formulaire Google Documents, par exemple.
Si possible, « recrutez » un photographe qui immortalisera cette rencontre, ainsi qu’un rédacteur qui saura résumer en quelques lignes les idées forces du débat. Pourquoi ne pas confier cette mission à votre stagiaire en BTS communication qui ne demande qu’à faire ses preuves ?
1 semaine avant :
– Préparez un déroulé prévisionnel de la table ronde, en 2 à 4 parties thématiques maximum, avec un temps alloué à chacune. Imaginons par exemple que vous deviez animer une table ronde sur la prévention dentaire , vous pourrez imaginer une 1ère partie consacrée aux dernières avancées scientifiques dans ce domaine, une 2ème aux actions de sensibilisation du grand public et une 3ème aux actions de sensibilisation des scolaires.
– Listez une dizaine de questions à poser aux intervenants pour chaque partie de la table ronde. Quand votre public “séchera”, vous pourrez relancer le débat avec ces questions préparées.
– Si vous connaissez bien certaines personnes dans la salle, vous pouvez éventuellement en faire des complices en leur demandant de préparer quelques questions à l’avance de leur côté. Cette précaution permettra de dynamiser les échanges depuis le public si nécessaire.
– Prévoyez déjà l’après table ronde ! Il va être important pour vous de mesurer le degré de satisfaction des intervenants et des participants, afin de savoir ce qui a bien fonctionné, mais aussi ce que vous devrez améliorer une prochaine fois. Un questionnaire sondant 5 à 10 points précis sera suffisant. Et voici encore éventuellement un bel exercice pratique pour votre stagiaire !
La veille :
Préparez bien la salle et les aspects logistiques. De petits détails peuvent avoir leur importance pour que chacun se sente à l’aise au moment de prendre la parole : de l’eau pour les intervenants, une température confortable, un vidéoprojecteur placé de façon à ne gêner personne, une bonne visibilité, une acoustique de qualité…
Le mois prochain, nous aborderons les bonnes pratiques à mettre en place pendant et après la table ronde pour vous assurer le succès de l’événement. D’ici là, partagez avec nous vos expériences, vos astuces et vos questions sur les aspects préparation, j’y répondrai avec plaisir !